29 août 2021
Le serment de la Matrone - Anne COESEUR en 1771 à Bidestroff
Pour moi, une matrone était en quelque sorte, une "maîtresse femme", femme mûre, mère et à fort caractère...
Trouver le serment de "matronat" d'une ancêtre maternelle dans les
actes paroissiaux du XXVIIIème siècle en Lorraine m'a alors
interpellée.
MATRONE ? oui mais encore ?
Du latin matrona (« dame », « épouse »), qui dérive de mater (« mère »).
La recherche du mot "Matrone" renvoie les définitions suivantes
:
-
Dans l'Antiquité, à Rome, dame, femme mariée ;
-
Par extension, femme d'âge mûr, expérimentée, sage, d'aspect digne et respectable,
généralement mère de famille ;
- Au sens péjoratif, femme d'un certain âge, grosse, souvent laide et d'allure vulgaire.
-
Entremetteuse, tenancière de maison close
-
Vieilli, femme qui pratique les accouchements,
sage-femme
La MATRONE était donc une sage-femme ?
Effectivement, la matrone assistait les femmes lors de leur accouchement.
Mais leur rôle était aussi (voire surtout) religieux car à l'époque, mourir sans être baptisé dans la foi chrétienne empêchait d'une part, d'être enterré dans le cimetière et d'autre part, condamnait la survie de l'âme.
La matrone avait donc pour mission, en cas d'accouchement difficile ou de risque de décès de l'enfant, d'ondoyer coûte que coûte ce dernier.
Dans les registres paroissiaux, on trouve donc des actes où
l'enfant est baptisé sur une main, un bras, un pied, au lieu de
l'habituel ondoiement sur le front.
Lire, pour exemple, 1716 - Enfant baptisé dans le ventre de sa mère
Ainsi, en cas de décès, l'enfant, devenu membre de l'Eglise Catholique, et dont l'âme était lavé du pêché originel, pouvait aller directement au Paradis tandis que son petit corps pouvait être inhumé en terre bénite.
Comment devenait-on Matrone dans les années 1700 en Lorraine ?
La matrone était une femme que rien ne prédestinait à assumer cette fonction, hormis le fait d'être elle-même mère.
Dans l’ordonnance du 28 mars 1708, portant règlement pour la médecine et la pharmacie, qui comprenait 37 articles, l’article XXV fait pour la première fois en Lorraine, obligation pour les sages-femmes de passer un examen. A l’exemple de la France, la Lorraine réglementait ainsi la profession de sage-femme. Le 22 juin 1708, un arrêt de la cour réglait définitivement l’élection des sages-femmes « élection qui devait se faire à la pluralité des voix des femmes de la paroisse », après examen de la future sage-femme par un médecin, gratuitement et sans frais. (source : hal.univ-lorraine.fr - La vie à l'école de Sages-femmes de Nancy : des temps anciens à 2008 - Laure Abensur)
Entre 1663 et 1792, à Bidestroff (Moselle), 3 matrones figurent dans les registres paroissiaux
Les deux actes de 1738 et 1757 concernent l'élection de la matrone tandis que celui de mon ancêtre en 1771 transcrit le serment de la matrone déjà élue à la pluralité des voix des femmes de la paroisse.
Le serment d'Anne COESEUR
Anne COESEUR est mon ancêtre maternelle à la 8ème génération (sosa 211).
Fille de Dominique et d'Eve CORINGER, Anne COESEUR est née le 06 septembre 1699 à Rodalbe.
Elle a eu 10 enfants de son union avec Jean FRICHE dont Marie Gabrielle Anne (1740-1805), mon ascendante. Son mari est décédé le 12 février 1768.
Le 16 juin 1771, Anne COESEUR est élue matrone à la pluralité des voix des femmes de Bidestroff.
Le dimanche 23 juin 1771, Anne COESEUR prête serment devant Monsieur le curé de Bidestroff, en ces termes :
" Je Anne Coeseur femme de défunt Jean
Friche laboureur promet a Dieu, le createur
tout puissant et à vous Monsieur mon pasteur
de vivre et mourir en la foy de l’église
catholique apostolique et Romaine, et
que je macquitteray avec le plus de fidélité
et de diligence qu’il me sera possible
de la charge que jentreprends d’assister de
nuit et de jour les femmes pauvres et
riches, dans leurs couches, que j’apporterai
tous mes soins pour empecher qu’il n’arrive
aucun accident a la mere ny a l’enfant
je declare avoir este elue a la pluralité
des voix par les femmes de Bidestrof le seize
du mois de juin de l’an mil sept cent soixante
et onze et a preste son serment le dimanche
vingt trois du dudit mois de l’an elle a fait sa
marque n’ayant lusage d’écrire "
|
AD57 – BIDESTROFF - 9NUM/84ED1E5 – BMS - 1770-1783 – img 9 |
La première intervention de mon ancêtre dans le registre de Bidestroff
Dans les registres paroissiaux de Bidestroff, le premier acte faisant référence à l'intervention de mon ancêtre est daté du 10 janvier 1772.
![]() |
AD57 – BIDESTROFF - 9NUM/84ED1E5 – BMS - 1770-1783 – img 14 |
Lenfant de joseph Romain né
Le dix janvier mille sept soixante et douze
baptisé par la sage femme en presence de
plusieurs autres est mort entre ses mains il
a esté enterré le soir en presence de son pere
J'ignore la durée du matronat d'Anne COESEUR.
Elle est décédée le 06 février 1790, à Dieuze (Moselle), à l'âge de 90
ans.
01 juillet 2021
Sosa 59 (1797-1856) - Je m'appelle Marguerite EMEL et je suis d'Hazembourg
Focus sur mon sosa 59, pour participer à l'idée que j'avais suggérée sur le groupe Facebook Généalogie Nord-Pas-de-Calais (évoquer nos sosas 59 et 62, par rapport à la numérotation départementale).
Marguerite EMEL n'est pas originaire du Nord mais d'Hazembourg en Moselle.
Elle est ma quadrisaïeule maternelle.
Mais laissons-la conter son histoire...
Je m'appelle Marguerite EMEL et je suis d'Hazembourg
Le 22 décembre 1789, les députés de l’Assemblée se mettent d’accord sur une nouvelle division du Royaume de France. C'est la naissance des départements. Chacun d'entre eux est découpé en districts, eux-mêmes découpés en cantons. Ce décret est adopté le 22 décembre, mais il faudra ensuite attendre deux mois, pour que le nombre définitif de départements soit fixé à 83. Les noms donnés à ceux-ci s'inspirent des éléments naturels : fleuve, cours d’eau, montagne…
- Allez, un peu d'histoire, ça vous dit ? juste pour situer un peu.
- Mais alors, quand est-ce que les "EMEL" sont arrivés à Hazembourg ?
Mais moi, je suis une descendante de son second mariage, avec Anne-Marie MULLER.
Je suis la 5ème enfant d'une fratrie de 11
- Quel est alors le métier de mon père ?
Il est tonnelier, un métier utile à de nombreuses corporations : drapiers, tanneurs, porteurs d'eau, bouchers et, bien entendu, vignerons. Il fabrique baquets, bailles, baignoires, barattes, barils, barillets, cuveaux, seaux, seillons, hottes et bien sûr tonneaux.
Il est maire d'Hazembourg en 1804 et 1811.
- Que puis-je te dire au sujet de ma mère ?
Christine FIDER (1767-1840), est née à Steinbach (tu sais, c'est l'un des 5 cinq villages qui composent Le-Val-de-Guéblange).
- Depuis quand mes parents sont-ils mariés ?
- Jean Pierre, le 04 septembre 1789
- Jean, le 05 février 1792 (décédé à 19 mois, le 08/09/1793)
- Anne Marie, le 26 juin 1794
Puis viendront, après moi, 2 sœurs et 4 frères :
- Georges, le 29 juillet 1799
- Catherine, le 31 octobre 1801
- Marguerite, le 03 janvier 1804
- Jean Michel, le 27 novembre 1805 (décédé à 8 ans, le 19 octobre 1814)
- Jean, le 08 septembre 1807 (décédé à 15 mois, le 05 décembre 1808)
- Jean Pierre, le 08 janvier 1811
Je me marie 3 mois, jour pour jour, après le décès de mon frère Jean Michel
Le 10 avril 1810, mon père, Pierre EMEL, alors maire, est signataire, avec 5 autres habitants, d'une lettre de mécontentement auprès de l'évêque de Metz à ce sujet. Kirviller se trouve à une grande lieue, et même cinq quarts de lieue. Il faut traverser un bois par un mauvais chemin et c'est dangereux. A défaut d'avoir un prêtre, un rattachement à Kingeren (Kappelkinger) serait plus approprié de par la distance et le chemin aisé pour y arriver.Hélas, les habitants n'obtinrent pas gain de cause. (source : AD57 -29 J 731)
- Qui est mon époux ?
Entre l'âge de 18 et 39 ans, je mets au monde 9 enfants
- Anne Marie dite Marie Anne naît 10 mois après le mariage, le 14 novembre 1815
- Jean Michel, le premier garçon, se présente le 1er juillet 1818
- Pierre, notre second fils, arrive le 10 août 1820
- Georges, né le 05 janvier 1823, ne vit que 5 mois et rend son âme à Dieu, le 13 juin
- Nicolas voit le jour le 04 avril 1824
- Jacob (Jacques) naît le 08 janvier 1827 (il sera emporté par la fièvre typhoïde à l'hôpital de Grenoble, le 30 octobre 1852. Il était premier servant à la 5e batterie du 5e Régiment d'artillerie).
- Jean vient au monde le 27 juin 1829 (il optera pour la nationalité française en 1872)
- Madeleine, seconde fille (et ton ancêtre directe), apparaît le 19 août 1831
- Jean Pierre, le petit dernier, est mon cadeau d'anniversaire, le 28 février 1836 (j'ai la douleur de le perdre, à 3 ans, le 25 avril 1839)
La religion ou plutôt les curés sont au cœur de notre vie rurale
- Le 24 janvier 1819, Hazembourg n'a toujours pas de curé et les habitants adressent un nouveau courrier au Vicaire général.
Les enfants d'Hazembourg restent sans instruction. Ils sont tellement délaissés que même quand, de temps en temps, ils se trouvent dans une autre église pendant l'instruction, ils sont fourrés dans un coin.Si la paroisse doit rester attachée à Kirviller, nous dirons adieu à la religion !
- Hazembourg obtient gain de cause et un curé est enfin attaché à la paroisse d'Hazembourg
- Mais l'abbé HEMES, vicaire nommé en 1826, sème la désunion et trouble notre paix, incitant Nicolas STENGEL, maire, à rédiger un courrier, le 13 août 1827, à l'évêque du diocèse de Metz (AD 57 -29 J 731)
...ce jeune prêtre, on ne sait par quel caprice, se permet de molester et même d'insulter publiquement ceux qui ont le malheur de lui déplaire ; les dimanches, oubliant la sainteté de son ministère et le texte de son discours par une digression honteuse, il passe aux injures les plus grossières et les plus offensantes et cela, avec si peu de retenue et de ménagement qu'on s'aperçoit que c'est à regret qu'il s'abstient de nommer les personnes qu'il s'était proposer de molester...
- Les propos de ce curé sont si choquants qu'une vingtaine de paroissiens n'ont pas fait leurs Pâques et que plusieurs personnes ne vont plus à la messe. Toi qui vis à une époque où toute forme de discrimination peut être condammnée, ton sang n'aurait fait qu'un tour, comme on dit, en entendant de telles déclarations
Monsieur le Curé a dit un dimanche qu'une femme qui est maîtresse à la maison, c'est une honte. Il a ajouté que dans un ménage où la femme porte la culotte, le diable est assis sur la crémaille de la cheminée...
- Une autre fois, il indique
qu'il avait vu une vache sur une voiture à foins, et une vieille peau à côté d'elle, mais que c'était une vache à deux jambes. Monsieur le Curé parlait d'une fille qui déchargeait du foin avec sa mère, dans la grange
- Ce comportement alimente les conversations et le maire supplie que ce curé soit remplacé par un digne prêtre qui soit plus modéré.
Je mène une vie simple
Je ne verrai pas le mariage de ton arrière-arrière grand-mère
Si tu dois retenir autre chose de mon passage, arrête-toi juste sur mes initiales : M.E.Voilà le sens de la vie : AIME !
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Eté 1933, j’ai 20 mois et je suis en danger...
Automne 1931 Je viens au monde sans savoir qui je suis vraiment. Moi, Hermine , suis née un soir, début novembre 1931, à la materni...
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