01 juillet 2021

Sosa 59 (1797-1856) - Je m'appelle Marguerite EMEL et je suis d'Hazembourg

Focus sur mon sosa 59, pour participer à l'idée que j'avais suggérée sur le groupe Facebook Généalogie Nord-Pas-de-Calais (évoquer nos sosas 59 et 62, par rapport à la numérotation départementale).

Marguerite EMEL n'est pas originaire du Nord mais d'Hazembourg en Moselle.

Elle est ma quadrisaïeule maternelle.

Mais laissons-la conter son histoire...


Je m'appelle Marguerite EMEL et je suis d'Hazembourg

Je suis née le 28 février 1797 à Hazembourg, dans ce tout jeune département de la Moselle, créé le 04 mars 1790, suite à la Révolution française.
Le 22 décembre 1789, les députés de l’Assemblée se mettent d’accord sur une nouvelle division du Royaume de France. C'est la naissance des départements. Chacun d'entre eux est découpé en districts, eux-mêmes découpés en cantons. Ce décret est adopté le 22 décembre, mais il faudra ensuite attendre deux mois, pour que le nombre définitif de départements soit fixé à 83. Les noms donnés à ceux-ci s'inspirent des éléments naturels : fleuve, cours d’eau, montagne…
Carte de la Moselle, entre 1790 et 1793, peu après sa création - Source wikimedia commons

HAZEMBOURG, vous connaissez ? Non ?
C'est un petit village situé à 10 km de SARRALBE, canton dont il fait partie depuis 1790.
  
  • Allez, un peu d'histoire, ça vous dit ? juste pour situer un peu.
Au Moyen-Age, Hazembourg dépendait de la seigneurie du Guéblange, réunie à la châtellerie d'Albestroff vers 1380.
En 1538 et 1598, le village se nomme Hassombourg.
Hazembourg a grandement souffert de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) comme l'atteste un document de 1637 qui stipule "À Überkinger, Wentzwiller, Steinbach, Schweix, Altwiller, Hazembourg et Kirviller ne réside personne depuis un an, les villages étant abandonnés."
Mais la vie revient et le nom du village fluctue : Hayembourg en 1664, Hasembourg en 1703 (voir carte ci-dessous), Hassembourg en 1755, Hazembourg en 1756, Hasenbourg en 1793...


  • Mais alors, quand est-ce que les "EMEL" sont arrivés à Hazembourg ?
La famille EMEL s'installe au Val-de-Guéblange (à environ 3 km d'Hazembourg) entre 1696 et 1701.
  • Comment le sais-je ?

 

Mon arrière-grand-père (donc ton septaïeul, si tu veux te faire mousser un peu), Pierre EMEL (1666-1739) était marié, en première noce, avec Marguerite BAURINE, décédée le 14 juillet 1701 au Val-de-Guéblange. Mais un de leurs enfants, Jean-François EMEL, est né le 03 juin 1696 à Homburg (dans "ton" Allemagne actuelle).
 
Donc, tu peux penser qu'ils sont venus en Lorraine, après la Paix de Ryswick... cela est cohérent...

Mais moi, je suis une descendante de son second mariage, avec Anne-Marie MULLER.


Je suis la 5ème enfant d'une fratrie de 11 

A ma naissance, mon père, Pierre EMEL, a 39 ans et ma mère, Christine FIDER, en a 29.
  •  Quel est alors le métier de mon père ?

Il est tonnelier, un métier utile à de nombreuses corporations : drapiers, tanneurs, porteurs d'eau, bouchers et, bien entendu, vignerons. Il fabrique baquets, bailles, baignoires, barattes, barils, barillets, cuveaux, seaux, seillons, hottes et bien sûr tonneaux.

Il est maire d'Hazembourg en 1804 et 1811.

  • Que puis-je te dire au sujet de ma mère ?
    
Christine FIDER
(1767-1840), est née à Steinbach (tu sais, c'est l'un des 5 cinq villages qui composent Le-Val-de-Guéblange)
Mais elle est une descendante d'immigrants belges et picards, venus repeupler la Lorraine exsangue après la Guerre de Trente Ans.
Je t'entends et oui, tu as raison, la Lorraine est terre d'accueil et de brassage des populations !

  • Depuis quand mes parents sont-ils mariés ?
A ma naissance, mes parents sont mariés depuis près de 10 ans (ils ont reçu la bénédiction nuptiale le 22 mai 1787 à Hazembourg). 
 
Ma mère tombe aussitôt enceinte puisque leur premier enfant naît 9 mois plus tard, le 29 février 1788 et meurt malheureusement deux semaines plus tard. C'était une fille, une petite Marguerite (oui, je sais... je suis née un 28 février et porte le même prénom... je suis donc "l'enfant de remplacement" comme tu dis en psychogénéalogie...).
 
Naissent ensuite, avant moi :
  • Jean Pierre, le 04 septembre 1789
  • Jean, le 05 février 1792 (décédé à 19 mois, le 08/09/1793)
  • Anne Marie, le 26 juin 1794

Puis viendront, après moi, 2 sœurs et 4 frères :

  • Georges, le 29 juillet 1799
  • Catherine, le 31 octobre 1801
  • Marguerite, le 03 janvier 1804
  • Jean Michel, le 27 novembre 1805 (décédé à 8 ans, le 19 octobre 1814)
  • Jean, le 08 septembre 1807 (décédé à 15 mois, le 05 décembre 1808)
  • Jean Pierre, le 08 janvier 1811

 Je me marie 3 mois, jour pour jour, après le décès de mon frère Jean Michel

Le jeudi 19 janvier 1815, j'épouse, à l'âge de 17 ans et 10 mois, Pierre CLEMENT, de 8 ans mon aîné.
 
A cette date, Hazembourg est rattaché à la paroisse de Kirviller car aucun prêtre n'est présent dans le village.
Le 10 avril 1810, mon père, Pierre EMEL, alors maire, est signataire, avec 5 autres habitants, d'une lettre de mécontentement auprès de l'évêque de Metz à ce sujet. Kirviller se trouve à une grande lieue, et même cinq quarts de lieue.  Il faut traverser un bois par un mauvais chemin et c'est dangereux. A défaut d'avoir un prêtre, un rattachement à Kingeren (Kappelkinger) serait plus approprié de par la distance et le chemin aisé pour y arriver.
Hélas, les habitants n'obtinrent pas gain de cause. (source : AD57 -29 J 731)

  • Qui est mon époux ?
Pierre CLEMENT est né, juste avant la Révolution française, le 28 janvier 1789 à Audviller. Il est le 8ème enfant d'une fratrie de 11.
Son père, Jacques CLEMENT, décédé à 58 ans, le 14 avril 1806, était maître tailleur d'habits.
Sa mère, Christine HEYMES, a 59 ans à notre mariage.

Pierre est menuisier (tu peux effectivement penser qu'il connaissait mon père, tous les deux étant dans le métier du bois, comme on dit...)

Entre l'âge de 18 et 39 ans, je mets au monde 9 enfants


  1. Anne Marie dite Marie Anne naît 10 mois après le mariage, le 14 novembre 1815
  2. Jean Michel, le premier garçon, se présente le 1er juillet 1818
  3. Pierre, notre second fils, arrive le 10 août 1820
  4. Georges, né le 05 janvier 1823, ne vit que 5 mois et rend son âme à Dieu, le 13 juin
  5. Nicolas voit le jour le 04 avril 1824
  6. Jacob (Jacques) naît le 08 janvier 1827 (il sera emporté par la fièvre typhoïde à l'hôpital de Grenoble, le 30 octobre 1852. Il était premier servant à la 5e batterie du 5e Régiment d'artillerie).
  7. Jean vient au monde le 27 juin 1829  (il optera pour la nationalité française en 1872)
  8. Madeleine, seconde fille (et ton ancêtre directe), apparaît le 19 août 1831
  9. Jean Pierre, le petit dernier, est mon cadeau d'anniversaire, le 28 février 1836 (j'ai la douleur de le perdre, à 3 ans, le 25 avril 1839)


La religion ou plutôt les curés sont au cœur de notre vie rurale

  • Le 24 janvier 1819, Hazembourg n'a toujours pas de curé et les habitants adressent un nouveau courrier au Vicaire général.
Les enfants d'Hazembourg restent sans instruction. Ils sont tellement délaissés que même quand, de temps en temps, ils se trouvent dans une autre église pendant l'instruction, ils sont fourrés dans un coin.
Si la paroisse doit rester attachée à Kirviller, nous dirons adieu à la religion !

  • Hazembourg obtient gain de cause et un curé est enfin attaché à la paroisse d'Hazembourg
  • Mais l'abbé HEMES, vicaire nommé en 1826, sème la désunion et trouble notre paix, incitant Nicolas STENGEL, maire, à rédiger un courrier, le 13 août 1827, à l'évêque du diocèse de Metz (AD 57 -29 J 731)
...ce jeune prêtre, on ne sait par quel caprice, se permet de molester et même d'insulter publiquement ceux qui ont le malheur de lui déplaire ; les dimanches, oubliant la sainteté de son ministère et le texte de son discours par une digression honteuse, il passe aux injures les plus grossières et les plus offensantes et cela, avec si peu de retenue et de ménagement qu'on s'aperçoit que c'est à regret qu'il s'abstient de nommer les personnes qu'il s'était proposer de molester...
  • Les propos de ce curé sont si choquants qu'une vingtaine de paroissiens n'ont pas fait leurs Pâques et que plusieurs personnes ne vont plus à la messe. Toi qui vis à une époque où toute forme de discrimination peut être condammnée, ton sang n'aurait fait qu'un tour, comme on dit, en entendant de telles déclarations
Monsieur le Curé a dit un dimanche qu'une femme qui est maîtresse à la maison, c'est une honte. Il a ajouté que dans un ménage où la femme porte la culotte, le diable est assis sur la crémaille de la cheminée...

  • Une autre fois, il indique
qu'il avait vu une vache sur une voiture à foins, et une vieille peau à côté d'elle, mais que c'était une vache à deux jambes. Monsieur le Curé parlait d'une fille qui déchargeait du foin avec sa mère, dans la grange

  • Ce comportement alimente les conversations et le maire supplie que ce curé soit remplacé par un digne prêtre qui soit plus modéré.


Je mène une vie simple

Si tes recherches n'ont pas mis en évidence d'événements particuliers à mon sujet, c'est que je mène une vie simple, rythmée par les aléas des saisons.

En 1847, lorsque notre fils Jean-Michel se marie, Pierre, âgé de 58 ans, est alors cultivateur.
Je suis mentionnée "sans profession" mais, comme tu peux t'en douter, je suis loin d'être inactive.

Je ne verrai pas le mariage de ton arrière-arrière grand-mère

Je m'éteins quelques jours avant mon 59ème anniversaire, le 17 février 1856.
Pierre me survivra, 7 ans et 4 mois et me rejoindra le 17 juin 1863.

Ma fille Madeleine (ton arrière-arrière grand-mère maternelle) se mariera le 28 octobre 1857 avec Eugène Nicolas Désiré SCHEIDECKER

Mais ça, c'est une autre histoire et la mienne s'arrête là en ce qui concerne ma vie terrestre.
Si tu dois retenir autre chose de mon passage, arrête-toi juste sur mes initiales : M.E.
Voilà le sens de la vie : AIME !