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27 septembre 2025

1906 - Quand la vérité lève le voile sur la légende familiale - Le meurtre dans l'écurie familiale

Qui n'a jamais frissonné à l'écoute d'une légende familiale chuchotée, le soir, au coin du feu ?

Dans la famille ARBOUCH, une sombre histoire évoquait le meurtre d'un étranger dans l'écurie familiale, un vol et des louis d'or tachés de sang.

Pendant des générations, nous avons plus ou moins douté de sa véracité.
Jusqu'à ce qu'une recherche généalogique banale ne lève le voile sur l'impensable...

27 septembre 2025

1906 - Quand la vérité lève le voile sur la légende familiale - Le meurtre dans l'écurie familiale

24 septembre 2025

1875 - La mort du « prince polonais » à Luchon : entre légende médiatique et vérité des archives

Le XIXᵉ siècle raffolait des faits divers spectaculaires, surtout lorsqu’ils mettaient en scène des aristocrates étrangers, jeunes, fortunés et extravagants.
 
En octobre 1875, L’Opinion Nationale publiait l’histoire dramatique d’un prince polonais mort à Bagnères-de-Luchon lors d’une chasse à l’isard.
Le récit avait tout d’un feuilleton romantique : jeunesse, passion, fortune dissipée et mort brutale dans les Pyrénées. 

Mais les archives de Luchon racontent une autre histoire.
L’acte de décès permet aujourd’hui de rectifier les détails enjolivés par les journaux et de rendre à ce personnage son identité véritable.

La version journalistique : un roman de montagne

Dans son édition du 30 octobre 1875, L’Opinion Nationale rapporte :


   
"Un jeune prince polonais, jeune homme de 25 ans, très répandu dans le monde parisien, avait loué pour la saison d’automne, moyennant 6 000 francs, la villa Bertin qu’avait habitée, en 1867, l’écolier de Woolwich. Il avait amené avec lui une jeune fille de dix-neuf ans, appartenant, paraît-il, à une famille très honorable.

Ces jeunes gens se faisaient remarquer par leurs excentricités. Outre de nombreux domestiques à son service, le jeune Polonais avait loué sept guides qui l'accompagnaient dans la montagne, où il chassait l'isard avec sa maîtresse, qui s'était fait faire un costume de chasse.

Avant-hier matin, étant parti pour chasser cet animal qui se retire sur les pics d’où il franchit les escarpements avec la souplesse d'une gazelle, ses guides lui firent observer que la neige qui était tombée pendant la nuit, rendait cette chasse très périlleuse. Le jeune homme ne voulut pas se rendre à ses sages conseils. Il laissa sa maîtresse à l'hôtel dit l'Hospice de Luchon, et continua son ascension avec son guide Haurillon.

Arrivé dans un endroit très escarpé, son guide l'invita à se tenir à sa ceinture.

    - C'est bon pour les hommes, répondit le jeune imprudent.

A cet instant, une cigale passe au-dessus de sa tête ; il la regarde ; puis, abaissant son regard dans le vide, le vertige le saisit et il tombe sur des rochers couverts de neige, à une hauteur de dix mètres. La fatalité voulut que, dans sa chute, il fit partir de ses doigts crispés les deux coups de son fusil, chargé de chevrotines, dont l'un l'atteignit à la cuisse droite. Il était deux heures.

Haurillon descendit dans la crevasse où gisait le malheureux jeune homme, qui s'était fracturé la jambe et perdait beaucoup de sang par sa blessure. Haurillon enleva ses vêtements et déchira sa chemise, dont il fit des compresses ; puis il alla chercher du secours.

L'opération avait épuisé ses forces ; il marcha deux heures, chargeant et déchargeant son arme. Le dernier coup de fusil mit heureusement en éveil les soldats du poste, qui sortirent pour explorer les environs. Ils trouvèrent le guide évanoui.

Ce n'est qu'après une heure de soins qu'on parvint à lui faire reprendre connaissance. Il raconta alors le malheur qui avait arrivé au jeune chasseur, et, sur ses indications, les soldats partirent à la recherche du blessé. La nuit était venue et ce n’est qu’à neuf heures qu'ils le découvrirent.

Les soldats le placèrent sur un matelas qu'ils avaient apporté et le chargèrent sur leurs épaules. Arrivé à l'hôtel où l'attendait un médecin, appelé en toute hâte, il fut examiné. L’amputation fut jugée nécessaire. Le jeune homme fut chloroformé et succomba au milieu de l’opération.

Son frère, qui habite Paris, averti par un télégramme, se rendit à Luchon. Les scellés avaient été apposés à la villa.

On a trouvé 37,000 fr. et tous les bijoux de la jeune personne ont été saisis.

Le bruit était généralement répandu dans la ville que le défunt avait dépensé depuis sa majorité, la somme de 700,000 fr. 



L'écolier de Woolwich, cité dans l'article, désigne le Prince Impérial Louis-Napoléon Bonaparte qui séjourna à la Villa Bertin en 1867


La vérité des archives : l’acte de décès de Luchon

L’acte de décès conservé aux archives (Acte 111) apporte les précisions ci-dessous.
  • Nom : Stephan de Skarbek de Malczewski
  • Date du décès : 21 juin 1875, soit plusieurs mois avant la parution de l’article.
  • Âge : 35 ans, et non 25 comme l'indique le journal.
  • Lieu du décès : La Villa Bertin, où il résidait
  • Cause du décès : non précisée sur l’acte de décès.

 

Bagnères-de-Luchon. 31 - 1 E 97 - NMD - 1875 - page 63


Entre légende et histoire

La mort de Stephan de Skarbek de Malczewski, survenue le 21 juin 1875, illustre parfaitement la manière dont un événement peut être transformé en récit romanesque par la presse du XIXᵉ siècle.
Le décalage entre la date du drame et la publication de l’article a permis l’ajout de détails sensationnels et la déformation des faits.

Derrière la légende du « jeune prince polonais » demeure l’homme réel : un aristocrate de 35 ans dont la vie s’est terminée tragiquement dans les montagnes de Luchon.

 

24 septembre 2025

1875 - La mort du « prince polonais » à Luchon : entre légende médiatique et vérité des archives